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Quelle différence entre salsa cubaine et salsa portoricaine ? selon Tinan LEROY



● Quelle différence entre salsa cubaine et salsa portoricaine ?

« Ma réponse à la question que se posent la majorité des danseurs de salsa en soirée. Thème abordé lors de mon dernier stage de musicalité…

A quoi différencie-t-on une salsa cubaine d’une salsa portoricaine (musique) ?

La différence ne réside pas dans le choix des instruments. Toute la musique salsa, peu importe d’ou elle provient est basée sur la clave 2-3 ou 3-2 (ce qui ne change pas grand chose en fait, c’est plus une histoire de convention d’écriture). En salsa de n’importe quel pays, on utilise très majoritairement la clave dite « son » et de temps en temps la clave dite « rumba ».

La différence ne réside pas non plus dans le tempo. Les musiques salsa de n’importe quel pays ont des tempos qui varient entre 150 et 260 pulsations par minute, la majorité se situant dans l’intervalle 184-200 ppm. Seule exception, les musiques colombiennes qui sont globalement plus rapides que les autres. Cela s’explique historiquement par un accident : une erreur de fabrication des tourne-disques en Colombie dans les années 60-70 qui a habitué les colombiens à des tempos trop rapides, amusant, non ?

Alors, si ce n’est ni le tempo ni les instruments, qu’est-ce qui différencie musicalement la salsa cubaine de la salsa portoricaine ? Je ne peux pas répondre à cette question pour la simple raison que, contrairement à ce que veulent souvent nous faire croire les DJ et même les profs, il n’existe pas de musique appelée « salsa cubaine » ou « salsa portoricaine », ce ne sont que des termes commerciaux qui ne veulent pas dire grand chose.

Pour être plus précis, tu peux danser n’importe quelle sorte de salsa sur n’importe quelle sorte de musique de la famille salsa et surout, ne laisse personne te dire ce que tu dois danser sur telle ou telle musique. Cela dépend plus de ta sensibilité personnelle et de ce que tu as envie de partager avec ton/ta partenaire, plutôt que du « type » de musique.

Mais alors pourquoi tout le monde parle-t-il de ces 2 types de musique ?
C’est simple, c’est une sorte de standardisation du goût, un processus commercial bien connu, utilisé par McDo pour les hamburgers, notamment.
Dans les années 70, la salsa s’est énormément développée aux Etats-unis, dans les communautés latino (toutes nationalités confondues). Cuba, qui avait boycotté les musiques américaine dont le jazz et le swing est donc passée à côté du grand boum de la salsa alors qu’elle aurait dû être logiquement le 1er représentant de la salsa. Alors que la salsa « américaine » a conquis le monde, Cuba a inventé un nouveau son, dans les années 80, qui s’appelle la timba (disons que c’est une sorte de salsa différente de ce qui se faisait aux Etats-unis) et c’est ce nouveau son qui a permis à Cuba de récupérer des parts de marché.
Depuis, on appelle à tort « salsa cubaine » ce nouveau son et « salsa portoricaine » les styles de musique joués marjoritairement par le plus grand label américain (Fania All Stars).
Mais on oublie au passage qu’il existe plus d’une vingtaine de sortes de salsa (guaracha, songo, romantica, son, sasa dura, salsa con guaguanco, cumbia, latin jazz, guajira, son montuno, salsa con boogaloo, salsaton, pachanga, salsa vieja…), oui, plus d’une vingtaine, pas seulement 2 !

On oublie aussi que dans tous les pays d’Amérique Latine (et même Cuba), on joue TOUS ces styles (et oui, les cubains jouent et écoutent également de la romantica et du latin jazz !)

La conséquence de tout ça, c’est qu’on a tendance à mettre aux oubliettes la plus grande partie de ces styles pour n’en garder que 4 :
- timba (appelée à tort salsa cubaine)
- romantica, salsa dura et latin jazz (appelés à tort salsa portoricaine)

Du coup on appauvrit nos oreilles et nos goûts et en plus on crée une discrimination et une intolérance qui n’ont pas lieu d’être dans un milieu où l’on devrait, encore plus qu’ailleurs, rassembler plutôt que diviser. Dois-je rappeler que « salsa » veut dire « sauce » ? Si ça ce n’est pas un appel au mélange et la tolérance, qu’est-ce que c’est ?
Salseros, réveillez-vous, cessez de vous quereller pour des différences qui n’existent pas et cessez de croire tout ce qu’on vont dit.

A méditer… »



En résumé: chacun son style et son interprétation!


Cet article a été écrit par Tinan LEROY
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Tinan LEROY est un artiste complet, à la fois musicien et danseur chorégraphe.

↪ Source : Journaldunparisien.fr