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Histoire de la Salsa





Un peu d'histoire...

Christophe Colomb découvre Cuba le 28 Octobre 1492. Les espagnols envahissent les îles Caraïbes, le Pérou, le Mexique, la Colombie, le Vénézuéla ... Cette origine espagnole, avec mélodies et guitares, constitue la première racine de la Salsa.
En 1600, les espagnols importent massivement des esclaves noirs africains, pour les plantations de coton, café et pour les mines. Avec leurs rythmes Vaudou et leurs percussions, ils fourniront la seconde racine de la Salsa.

Puis la RUMBA (mélange de mélodies et rythmes) apparaît. Ce nom est venu de l'expression danser la "oumba" employée par les noirs, un peu comme aujourd'hui en langage populaire on dit " faire la nouba". La première RUMBA est une danse en solo où le danseur mime des scènes de la vie. En 1917, elle est dansée en couple et popularisée dans les dancings de Cuba. Elle devient BOLÉRO en Europe en 1920 oû elle est dansée au "carré".

En 1898, Cuba devient indépendant de l'Espagne et passe sous tutelle américaine. C'est à partir de cette époque que la population portera le nom de "Latino Américaine". La musique a évolué et porte le nom de SON. Elle est popularisée à Santiago de Cuba par la famille Motamorozo et devient danse de couple en 1933. Son tempo est d'environ 46 mesures par minute et constitue l'origine véritable de la future Salsa.

En 1940, Cuba devient le night-club de la Caraïbe et Dizzy Gileppsie marie le JAZZ au SON, ce qui donnera naissance au MAMBO (popularisé par Perez PRADO et le film "Dirty Dancing") dans les années 50. Il est remplacé dans les bals par le CHACHACHA (d'Enrique JORRIN) en 1955 .

En 1950, apparaît aussi à Cuba, le GUAGANCO qui se danse ventre en avant, en couple simulant la parade nuptiale avec mouvement de hanches.

En 1960, toujours à Cuba, les évènements politiques occasionnent une émigration massive des cubains vers New York qui font faire vibrer la ville de leur musique entraînante dans le Spanich Harlem et le Bronx.

En 1962, la BOSSA NOVA est pratiquée à New York. C'est une danse plus calme où les sonorités de trompettes ont disparu. En 1967 c'est le BOOGALOO, mélange de ROCK et de SON qui fait une brève apparition.

Un groupe d'artistes se constitue : la "FANIA ALL STARS". Il décide de trouver un nouveau nom commercial pour éditer et diffuser les musiques latinos qui portent des noms si différents (Pléna, Son, Guaracha, Vallenato, Coumbia, Socas, Merengue, Calypso, Carapachamga ...). A la fin des années 60, à New York, le disc-jockey portoricain Izzy Sanabria et le flûtiste dominicain Johnny Pacheco, directeur artistique du label Fania, imposent progressivement le terme "salsa" pour désigner la musique d'origine cubaine telle que la jouait les musiciens "latins" (portoricains pour la plupart) de New York.

C'est le 21 Août 1971 au club Cheetak dans la rue 52 de New York qu'est adopté le nom de SALSA (un mot purement commercial). Son succès sera inespéré.

A l'origine, le mot salsa ne désignait donc pas un rythme spécifique mais un ensemble de rythmes. Il en est cependant venu, en ce qui concerne la danse, à désigner une catégorie de musiques entraînantes, découlant spécifiquement du son et de la guaracha,épines dorsales de la variété cubaine.

Bien danser la salsa exige d'en comprendre le fondement rythmique. La guaracha, née à la Havane au XVIIIème siècle, et le son, apparu dans les campagnes d'Oriente, à l'Est de Cuba, à la fin du XIXème siècle, sont tous deux basés sur une cellule rythmique de deux mesures appelée clave. Cette clave, dont il existe plusieurs variantes, est un concept d'origine africaine. Dans les ensembles africains traditionnels, très homorythmiques, une pulsation fixe est généralement maintenue par un petit instrument de percussion afin d'assurer la cohésion de l'ensemble.

Au début, la salsa n'était pas codifiée et l'on pratiquait souvent-les hommes surtout-l'open shine, improvisation spontanée. Vers la fin des années 80, Eddie Torres avait débuté en dansant sur scène avec l'orchestre de Tito Puente. Devant le succès remporté par ses exhibitions et la demande croissante pour des cours de salsa, il répertoria les pas de cette danse afin de l'enseigner en ajoutant des éléments de son cru. Il est aujourd'hui considéré comme l'un des principaux maîtres de la salsa (sur le plan chorégraphique.

Bien que progressivement codifiée, la salsa comporte aussi des variantes régionales : péruvienne, colombienne, portoricaine, cubaine, dominicaine ... Chacun l'interprète à sa façon, et la nueva timba (salsa teinté de rap et de funk), équivalent cubain actuel de la salsa, est plus énergique que la salsa new-yorkaise ou portoricaine, avec un feeling particulier.

Si sur le plan musical, la salsa n'a guère évolué depuis les années 70, sur le plan chorégraphique, elle s'est extrêmement sophistiquée. Et dans les démonstrations de salsa aujourd'hui, pratiquement tout est permis : figures acrobatiques, incorporation d'éléments de rumba, fusion salsa, influencée par le jazz, le funk, le hip-hop et le swing.

Les Styles.

LES DIFFÉRENTS STYLES DE SALSA.

On dit que la salsa est "une" dans son esprit, mais "plurielle" dans ses expressions. Quelles sont donc les différentes façons de styliser et d'interpréter la musique salsa? Que veut-on dire lorsque l'on parle de salsa cubaine, portoricaine, colombienne, new-Yorkaise, salsa-mambo ... ?

I) La musique « Salsa ».

En fait, il n’y a pas une définition de la salsa qui soit la seule, l’unique et la bonne. La salsa est une musique vivante, en constante évolution. Voici les deux définitions les plus couramment employées, puis les réponses données par quelques experts quand on leur demande "Qu'est-ce que la salsa ?".

a) La salsa au sens large.

C’est une définition qui a été lançée par les maisons de disque, pour désigner les musiques traditionnelles cubaines et toutes les musiques influençées par elles. Chez la plupart des disquaires et billeteries, on trouve bien le son (Buena Vista Social Club ...), le merengue (Elvis Crespo ...) et le latin jazz (Ray Barreto ...) dans la rubrique "Salsa" - ainsi que des cha-cha, rumba, etc... Pourtant - ô contradiction - on peut difficilement danser la danse salsa dessus.
Mais attention : même si cette définition est très large, elle n’englobe PAS la samba (brésilienne), le zouk (antillais), le tango (argentin) et la pop latino comme Ricky Martin ou Gloria Estefan.

b)La salsa au sens strict.

C’est cette définition qui est utilisée par les danseurs et les mélomanes adeptes de salsa. Elle distingue la salsa du son, du merengue, du cha-cha ou du boléro par exemple. Cette distinction repose essentiellement sur une écriture, une orchestration et une structure rythmique spécifique à chacun de ces types de morceaux. Concrètement, il reste quoi alors ? Citons quelques artistes célèbres qui font incontestablement de la salsa (au sens strict) : Célia Cruz, Oscar D’Leon, Los Van Van, Grupo Niche, Yuri Buenaventura, Victor Manuelle. Mais attention, même s’ils font de la salsa, ces artistes ne font pas forcément QUE de la salsa. Célia Cruz a aussi chanté des cha-cha par exemple. Et vice versa, Elvis Crespo chante essentiellement des merengues, mais il a aussi chanté une ou deux salsas.

En fait, la salsa, au sens large, c’est un ensemble de musiques ayant subis des influences communes, tandis que la salsa, au sens strict, c’est un type spécifique de musique.

Et évidemment, au sein de la salsa, il existe plusieurs courants différents :
– la salsa classique ou «pura y dura» (Célia Cruz, Oscar D’Leon ...)
– la salsa cubaine, ou «timba» (Los Van Van ...)
– la salsa colombienne (Grupo Niche, Yuri Buenaventura ...)
– la salsa romantica (Victor Manuelle ...)
– le mambo, qui occupe une place un peu à part (Tito Puente ...).

Remarquons qu’ici, les termes «cubain» et «colombien» ne font pas référence au pays dont l’artiste est originaire, mais à un courant musical. Tous ces courants, dont les morceaux peuvent avoir des sonorités très différentes, ont en commun une structure rythmique identique, qui permet de danser la salsa dessus.

c) La salsa selon quelques experts en la matière

Ray Barreto : Nous avons donné à notre musique un nom, de telle manière que les gens, quand ils l'entendent, puissent dire immédiatement: "Tiens, c'est de la salsa". En fait, il s'agit .de la musique traditionnelle venue de Cuba et de Porto-Rico, avec des harmonies et des arrangements plus modernes. La salsa est dans le sang latin...

Tito Puente : La salsa représente pour moi le mot ketchup sur les frites, le sel et le poivre dans la salade. (en espagnol, le mot "salsa" signifie "sauce"). Ca n'a aucun rapport avec une terminologie musicale quelconque. La musique que je joue aujourd'hui, je la joue depuis plus de vingt ans; si les gens veulent l'appeler salsa, ça ne me dérange pas. Je crois que le public a besoin d'un nom qui puisse être facilement reconnaissable pour désigner le Latin New York sound.

Alfredo Cachon 5anthropologue) : La salsa n'est qu'une convergence de rythmes. Ce qu'on appelle salsa, c'est le double phénomène de la résurgence et de la transformation esthétique et technique de la musique afro-caribéenne, dont les nouveaux centres sont maintenant localisés à New-York et dans les villes des Caraïbes, et qui renaît et multiplie son audience depuis les années 70. Cependant, sont encore présentes toutes les caractéristiques indiquées jusqu'à aujourd'hui dans la tradition musicale afro-caribéenne


II) La danse « Salsa ».

a) Diversité.

Tout d'abord, il n'y a pas une, mais plusieurs façons de danser la Salsa. Pourquoi ? Sans nul doute parce que chaque région du monde où elle est dansée y a mis son grain de sel. Egalement, parce que contrairement à la musique, qui, elle, voyage via les ondes radios, les disques, etc, la façon de danser de certaines régions du monde n'a que très récemment, via des vidéos, ou des professeurs de danse qui voyagent, été diffusée dans le monde entier. En écoutant la musique, chacun a donc, à l'origine, imprégné son style.

b) Points communs.

Malgré cela, entre toutes les façons de danser, on peut dégager deux points communs :
- La Salsa se danse généralement en couple.
- Dans tous les styles, on fait, dans le pas de base, trois pas sur trois temps de la mesure, puis on "saute" ou on "tape" un temps, et l'on reproduit symétriquement la même chose sur la mesure suivante, avant de retourner à la case départ.

c) Différences.

A partir de là, d'une région du monde à une autre, tout le reste est variable, à savoir :
- Le temps sur lequel on commence le pas.
- Le temps que l'on saute ou tape.
- Le temps sur lequel on fait son "break". Lorsqu'il est spécifié qu'un style se danse "sur le 1" ou "sur le 2", il s'agit du temps de la mesure sur lequel on fait son "break", autrement dit celui sur lequel on change de direction.
- Les déplacements par rapport à son/sa partenaire.
- Les figures que l'on fait en couple.
- La façon de faire tourner sa partenaire.
- Les postures, le style.

d) Styles.

On peut cependant distinguer un certain nombre de styles, qui ne sont pas à interpréter comme quelque chose de fixe ou de doctrinal, mais plutôt comme un ensemble de caractéristiques qui sont communes à la façon de danser d'une région donnée, et à la façon dont la Salsa y est enseignée. Des exceptions seront toujours là pour confirmer la règle, et en aucun cas les descriptions ci-après ne doivent être perçues comme des vérités absolues.
En France, on parle souvent de "Salsa cubaine" et de "Salsa portoricaine".
Dans le premier cas, il s'agit d'un synonyme pour le Casino. Dans le deuxième, il s'agit d'un nom générique pour le Mambo et le style de Los Angeles.
Techniquement, beaucoup d'éléments différencient ces deux danses : le pas de base, les pas de déplacements, les passes… En cubaine, les déplacements des danseurs se font sur des cercles ou des arcs de cercle; alors qu'en portoricaine, les déplacements des danseurs se font en ligne.
En portoricaine, le pas de base, c'est un pas avant/arrière fait avec amplitude, sur la ligne; alors qu'en cubaine, le pas de base est arrière/arrière. Il se fait presque "sur place", en se déhanchant.
A noter qu’il existe deux variantes au sein de la salsa portoricaine, où la différence essentielle est le temps sur lequel on fait le changement de direction avant/arrière. Si ce changement de direction se fait sur le "un" musical, c’est du "Los Angeles style", et si c’est sur le "deux" musical, c’est du "New-York style".
Musicalement, Ces styles de danse sont associés à des styles musicaux … Ainsi, la salsa cubaine se danse idéalement sur la Timba tandis que la salsa portoricaine est très adaptée à la salsa romantica par exemple.

Le style Casino, appelé en France "Salsa cubaine" a été chorégraphié dans les clubs et les écoles de danse de Cuba. Il se danse généralement sur le "1". Il comprend une forte composante "afro", de nombreuses passes complexes, largement codifiées afin de pouvoir les exécuter dans une rueda (une danse où les couples forment un cercle, font les passes de manière synchronisée, et où les danseuses passent d'un danseur à l'autre). La danseuse se déplace constamment autour du danseur, de façon circulaire, y compris en tournant.
Les passes de salsa cubaine, contrairement à celles de portoricaine, portent toutes un nom (en espagnol), ce qui permet d'avoir un "alphabet commun" pour les danseurs, à partir duquel effectuer toutes les combinaisons.

Danser Casino ou Despelote? en fait les morceaux des orchestres cubains comportent toujours deux parties. Dans la première, le thème mélodique et textuel est donné, et le couple en profite pour se mettre en jambe, s'accorder et jauger les capacités d'interaction du partenaire en exécutant quelques tours (vueltas) plus ou moins compliqués. Homme et femme restent à distance respectables: beaucoup de figures et pas de contact serré. On appelle cela danser "casino".
Dans la seconde partie, une cassure très nette est perceptible: les instruments et le soliste se mettent à improviser à tour de rôle. Tout en gardant le rythme et l'accord avec le partenaire, chacun se plaît à rivaliser de maîtrise dans le despelote, improvisation où la souplesse du bassin, les tremblements d'épaule et le contact physique sont à l'honneur. On voit ainsi couramment l'homme et la femme collés l'un contre l'autre (de face, de dos,..), rouler des hanches à l'unisson, ou secouer très rapidement leur bassin d'avant en arrière.

La salsa portoricaine a été inventée par la communauté latino-américaine des Etats-Unis. C’est une danse beaucoup plus douce et sensuelle. Elle comprend de nombreuses chorégraphies. Esthétiquement, elle se rapproche plus des danses de salon. On y rattache souvent deux styles :
- Le style new-yorkais, ou Mambo. Se danse généralement sur le "2", ce qui est également appelé "danser à contretemps" (bailar a contratiempo), ce qui est un abus de langage, puisque le "2" n'est pas un contretemps mais un temps faible. Nombreux jeux de pieds, également appelés shines, déplacements plutôt sur un axe, nombreuses passes et tours multiples. La danseuse tourne généralement sur place.
- Le style de Los Angeles. Se danse généralement sur le "1". Nombreuses passes, tours multiples, et figures acrobatiques. De façon générale, tant dans le style que dans les figures et jeux de pieds, tout tend vers le spectaculaire et le "flashy". Les déplacements sont similaires au Mambo, mais certaines variantes intègrent des éléments de Casino voire de salsa colombienne.

Ces appellations restent pourtant sujettes à caution. En effet, si le casino est bien la façon de danser des jeunes cubains, les danseurs cubains de la génération précédente, en particulier ceux de la province d'Oriente, dansent généralement un style que l'on qualifierait sans hésitation, en France, de "portoricain". De la même façon, si les portoricains dansent un style se rapprochant du Mambo, avec une touche plus afro', ils sont loin d'en détenir la paternité … Dire "cubaine" et "portoricaine", peut s'avérer dans le meilleur des cas, réducteur, et dans le pire, tout simplement faux ...

Il existe une troisième forme, dont on parle moins en France, la salsa colombienne, qui se pratique essentiellement face à face, avec des jeux de jambes élaborés mais peu de passes. Pour la colombienne, l'esthétique de la danse est surtout due au style des danseurs, absolument primordial. Elle se danse généralement sur le "1" ou sur le "3". Très peu de passes, se danse souvent pegaito, c'est à dire très près de son/sa partenaire, souvent avec des jeux de jambes, mais en restant toujours en couple. Il convient de rajouter que les façons de danser peuvent varier considérablement en fonction des régions de Colombie.

Avant tout, la cubaine, la portoricaine et la colombienne sont toutes de la Salsa ! Bien que ces styles de danse comportent des différences chorégraphiques, elles peuvent toutes se danser sur la même musique. Évidemment, certains morceaux sont plus adaptés à un style qu'à un autre … mais regardez la piste de danse d'une salsathèque: des danseurs cubains, portoricains et colombiens peuvent se côtoyer allègrement lors du même morceau ! Même au sein d'un couple de danseur donné, il est possible de passer d'un style à l'autre sur le même morceau, en fonction de la ligne mélodique et de l'inspiration… Certes, le fait que plusieurs styles cohabitent complique un peu les choses. Il faut que la danseuse reste bien attentive au style dans lequel danse le danseur pour pouvoir suivre et s'adapter et que le danseur ait un guidage très clair à ce sujet ! Mais en contrepartie, ces différences de styles apportent tant de diversité. Plus on pratique de styles, plus on sera capable de danser avec de partenaires. Restons ouverts, et rappelons que de solides bases dans l'un des styles permet de progresser rapidement dans les autres…

↪ Source : www.latindance.fr